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Mes centres d'intérêts sur la Région Poitou-Charentes-Vendée
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Mes centres d'intérêts sur la Région Poitou-Charentes-Vendée
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1 novembre 2021

La bataille de Thouars 5 mai 1793.

La Marche sur Thouars
Après la défaite des Aubiers, le 13 avril 1793 où les troupes de Quétineau avaient dû s’enfuir devant les 2000 paysans de La Rochejacquelein, laissant aux rebelles : 2 pièces de canons, 100 fusils, 70 tués et un nombre considérable de blessés, Quétineau du se replier sur Bressuire. Dans cette ville, les "marseillais" se distinguèrent par leur brutalité en commettants dans la cité des exécutions sur les détenus des prisons. Onze d’entre eux furent traînés hors de la ville et, malgré les protestations du général Quétineau, furent massacrés dans un champ.

Le 26 avril, ils avaient brûlé le village de Beaulieu, afin de punir la population qui s’était enfuie dans la campagne pour se soustraire à un recrutement. Ils s’apprêtaient à faire subir le même sort aux habitants de Saint


le 1er mai, lorsque des messagers vinrent annoncer à Quétineau, que deux colonnes de rebelles se dirigeaient sur Bressuire. L’une d’elle venant de Châtillon, l’autre d’Airvault, étaient fortes chacune d’environ dix à douze mille hommes.
Devant une force aussi importante, 
Quétineau décide d’évacuer la ville. Mais n’ayant pas assez de voitures pour le transport de ses munitions, il fait porter par ses hommes le plus possible de cartouches et de gargouses. Puis il donne l’ordre de jeter le reste dans les puits de la ville afin qu’elles ne tombent pas aux mains de l’ennemi.
C’est le 2 mai, à l’aube, que l’armée républicaine sort de la ville de 
Bressuire en laissant un nombre important de vivres, de farines, ainsi que bon nombre de souliers et de chevaux, mais surtout une population qui se sent trahie par ce repli et qui implore cette armée de rester afin de la défendre.

Le chemin qui menait directement à Thouars était déjà aux mains des rebelles. Il fut donc décidé de prendre la route de Faye l’Abbesse. Mais arrivé à la croisée des chemins de PoitiersParthenay et Thouars, une querelle s’engage au sein de l’armée. Chaque groupe  veut suivre la direction qu’il a choisie. Le conflit s’envenime au risque d’en venir aux armes. Grâce au sang froid des officiers, les esprits se calment. Mais les marseillais menaçant leurs camarades de leurs baïonnettes, s’emparent du drapeau qu’un de leurs capitaines emporte sur  la route de Poitiers, entraînant avec lui cinq à six cents soldats. D’autres préfèrent se diriger sur la ville d’Airvault. Le reste de l’armée décide de continuer sa route sur Thouars.
Le déplacement de cette armée, laisse le long des chemins, des maisons pillées par les déserteurs et les trainards. A Pierrefitte, la population, avertie par le sacristain du village, que des bleus se dirigeaient vers elle, décida de s’enfuir et de se cacher dans les bois de Bournizaux. Seuls six habitants se décidèrent à prende les armes pour partir sur le chemin de Faye-l’Abesse à Thouars. Une dizaine de bleus qui venaient de piller les environs et essayaient de rejoindre leur armée, se retrouvèrent sur le même chemin, allant à la rencontre des villageois.
Bientôt, une fusillade éclate. Six républicains tombent mortellement blessés. Les quatre autres n’ont pas le temps de comprendre, que déjà les rebelles se jettent sur eux et leur fracassent le crâne à coups de crosses.
Malgré ce genre de problème, Quétineau arrive devant Thouars. Le district et la municipalité de la ville, musiciens en tête, viennent à sa rencontre. Accueillit avec enthousiasme, l’armée de Quétineau, qui ne compte plus que 3150 hommes sur les 5.000 au départ de Bressuire, fait une entrée triomphale dans la ville qui lui assure une défense plus facile qu’à Bressuire, grâce à ses remparts et à sa position au-dessus du Thouet.
Mais les soldats sont fatigués et inexpérimentés : ce qui donne au général républicain quelques inquiétudes pour la défense de la ville. Il envoie des courriers à Poitiers, Tours et Saumur, décrivant la situation.
Du côté vendéen, l’attaque de Thouars a été décidée pour le 5 mai par un conseil de guerre tenu à Bressuire le 3 mai. Le 4 au soir, une patrouille de cavaliers envoyée sur la route de Coulonges, arrête des suspects qui déclareront à Quétineau que la ville sera attaquée le 5 au matin.
Déjà, dans la ville de Thouars, une rumeur court que les vendéens ont égorgées tous les habitants de la ville de Bressuire.
N’ayant plus que la nuit pour faire face à cette menace, Quétineau dispose ses troupes. Les hommes du Var qui lui restent et qui ne sont plus qu’une centaine, sont placés au pont de Vrines avec le bataillon de la Nièvre et une pièce de canon. Le pont est coupé pour faire obstacle à un éventuel assaut.
Deux compagnies de la garde nationale d’Airvault et de Couhé sont placées au Gué au riche. Des paysans de la région sont placés au pont de Taizon.
L’ennemi se montre à six heures du matin sur les hauteurs de Thouars. Les prières qui s’élèvent de leurs positions impressionnent les défenseurs de la ville.
C’est à ce moment, qu’un cavalier poitevin se trouve mal et fait constater sa fièvre avant de disparaître pendant tout le combat. Ce cavalier s’appelle Guillot de Folleville. Il deviendra à la fin de cette journée,et pour les insurgés, Mgr Gabriel, évêque d’Agra

Le combat du pont de Vrines
C’est sur le pont de Vrines que les Vendéens décidèrent de diriger leur attaque.Les paysans commandés par La Rochejaquelein et Lescure, prennent position sur les coteaux, de façon à être distants les uns des autres, afin de ne pas subir des pertes importantes qui pourraient être causées par le canon.Ils répondent aux bleus par des coups de fusils qui touchent leurs cibles presque à chaque fois. Bientôt la fusillade s’intensifie. Les bleus, qui ont déjà plusieurs blessés, tirent sans compter. Mais c’est la puissance de feu des paysans qui s’épuise la première.

Voyant la situation se dégrader, La Rochejaquelein décide d’aller chercher des munitions et des renforts.
Resté seul à commander,
 Lescure, dont c’est la première bataille dans cette guerre, se rend compte que le moral des hommes est au plus bas. Il s’empare d’un fusil et descend les coteaux afin d’attaquer le pont. Il espère entraîner avec lui ses hommes.
Mais les vendéens ne bougent pas et
 Lescure doit se retirer sous le feu de l’ennemi. Il se lance une seconde fois en direction du pont, en haranguant ses hommes à le suivre. Mais pour la seconde fois, les paysans regardent, sans bouger, cet officier qu’ils ne connaissent pas encore. Les habits criblés de balles, Lescure doit de nouveau se retirer du pont. Alors qu’il tente pour la troisième fois de prendre d’assaut le pont de Vrines, La Rochejaquelein qui revient avec des renforts et des  munitions, vole au secours de celui que l’on appellera plus tard « le saint du Poitou ».Il est accompagné de René Forest et d’un autre combattant qui sera tué aussitôt, sans laisser son nom dans l’histoire.
Voyant « Monsieur Henri » charger sur le pont, les insurgés reprennent confiance et dévalent les coteaux de toutes parts à grands cris. Devant le nombre et l’enthousiasme qui animent les blancs, l’ennemi est bousculé, la barricade faite de tas de fumier et de charrettes est prises, et ceux qui ne se sont pas enfuis sont faits prisonniers ou tués.

Entre temps, voyant la difficulté de passer le pont de Vrines à cause de la résistance, Bonchamps cherche un passage à gué afin de contourner l’obstacle.
C’est au 
Gué au riche qu’il passe avec sa cavalerie, suivie de fantassins qui doivent traverser la rivière avec de l’eau jusqu’à la ceinture. Malgré des pertes importantes, les blancs arrivent à traverser et tombent sur les volontaires de Couhé et d’Airvault. Ces derniers sont culbutés par plusieurs charges, puis massacrés. Les Vendéens se jettent ensuite sur le flanc droit des républicains qui sont abandonnés par leur cavalerie qui s’enfuit sur Loudun.
Les « Patauds » (surnom donné aux républicains par les paysans de la région) malgré des renforts envoyés par le général
 Quétineau pour repousser l’attaque, ne peuvent tenir longtemps. Bonchamps, aidé de Lescure et de La Rochejaquelein qui venaient de franchir le pont de Vrines, les taille tous en pièces. Il ne sortira de ce combat qu’un seul survivant.
Contrairement à l’histoire qui se raconte régulièrement, aucun bataillon de « Marseillais » ne fut anéanti dans la défense du pont de 
Vrines. Seul un Varois y trouva la mort.


La prise de Thouars.
Pendant ce temps, Quétineau fait sortir de la ville tous les bataillons de réserve qui lui restent et les disposent sur le champ de foire, face à la plaine. Le bataillon des Deux-Sèvres est placé au centre, les « Marseillais » avec leurs canons et la garde nationale de Thouars sont à leur gauche et le reste des bataillons se trouve sur leur droite.Les vendéens traversent la plaine en masse et s’arrêtent en face des bleus à une portée de canon. Les deux camps se mettent à échanger des injures. Des coups de canon partent des rangs républicains sans faire de victime. Sûrs d’eux, les bleus continuèrent à défier les rebelles qui cherchent à gagner du temps afin de pouvoir placer leur artillerie qui a des problèmes à passer le pont de Vrines coupé. Soudain, une canonnade se fait entendre. Parmi les républicains, c’est la stupeur. Bientôt c’est la débandade et, malgré les menaces de leurs chefs, ils se dirigent aux portes de la ville.

Les « Marseillais » et les thouarsais réussissent à sauver leurs pièces de campagne. Les blancs, voyants les républicains s’enfuir dans un désordre total, se lance sur les talons jusqu’aux portes de la cité, où des officiers incitent les fuyards à reprendre leurs postes en les frappants du plats de leurs sabres. Peines perdues ; les soldats se font menaçants et forcent le passage.
Profitant de la confusion qui règne chez les républicains, les paysans arrivèrent à entrer dans l’enceinte. Ils sont aussitôt repoussés et, poursuivis par des cavaliers qui réussissent à leur couper la retraite, ils sont tous massacrés. Certains témoins verront les blessés achevés par des volontaires des 
Deux-Sèvres.

De l’autre côté de la ville, Marigny et Donnissan, renversent à coup de canon la porte du pont neuf, dont les défenseurs doivent se replier sur la ville, laissant l’entrée à l’armée vendéenne.
Les paysans arrivés sous les murs de la ville, se jettent sur les fortifications et essayent d’ouvrir une brèche à l’aide de leurs baïonnettes.
 La Rochejacquelein, monté sur les épaules de Toussain Texier de Courlay, attaque le mur de la Porte de Paris sous le feu de l’ennemi.
Pendant ce temps, les divisions vendéennes qui étaient à 
Saint-Jacques passent la rivière à l’endroit du bac, perdant un nombre considérable d’hommes. Ils réussissent à entrer dans la ville.

Du côté de la Porte de Paris, la brèche est ouverte et bientôt les paysans déferlent dans les rues de Thouars, telle une fourmilière. Ils tirent sur ceux qui ne veulent pas se rendre et incitent les autres à baisser leurs armes. Les républicains auront la surprise d’entendre des blancs s’exprimer en anglais.
Voyant qu’il ne pouvait pas arrêter une telle marée humaine et craignant pour la sécurité des habitants de la cité
Quétineau se précipite à l’hôtel de ville pour rendre compte de la situation. A ce moment, la confusion la plus totale règne en ville. Les civils, femmes et enfants qui essayent d’échapper au danger, se mêlent à la troupe en lui criant d’enlever ses cocardes tricolores.
Après avoir fait son rapport,
 Quétineau est reparti à son poste pour continuer la lutte. Les administrateurs du district prennent alors la décision de capituler. Ils envoient le juge de paix Redon de Puy-Jourdain pour négocier la reddition avec le général d’Elbée déjà à l’intérieur de la ville.
Des républicains, indignés de voir flotter le drapeau blanc sur une tour de la ville, veulent l’enlever.
 Quétineau s’interpose, craignant que ce  geste rende les paysans furieux et qu’ils passent par les  armes tous les habitants de la ville.

Bien que les vendéens aient pris la ville d’assaut, les royalistes acceptent la capitulationQuétineau demande alors, pour sauver l’honneur, que son armée puisse sortir de la ville avec armes et bagages. Sa demande est rejetée. En échange, il reçoit la promesse que ses hommes seraient traités humainement et, quant à lui, il obtient la permission de garder ses armes.
Par ordre de
 Bonchamps, la garnison et les fonctionnaires publics sont conduits dans la cour du château pour y rester trente six heures.
Les prisonniers redoutaient une vengeance impitoyable à cause du massacre qui s’était produit en 1792 à 
Bressuire, aux Moulins Cornets, qui est connu aujourd’hui comme l’insurrection des 40 paroisses. Les gardes thouarsais avaient participé à ce massacre….
Mais les paysans se contentent de sonner les cloches de la ville en signe de victoire, brûlent les archives de la nation et détruisent l’arbre de la liberté.

D’après Mme de La Rochejaquelein, aucune maison ne fut pillée sauf les caves des maisons où logeaient les rebelles. Le reste ne fut réquisition de l’armée.
Cette victoire avait donné à l’armée catholique et royale :
4000 fusils, 6000 paires de pistolets, 2000 sabres, 10 pièces de canon, un trésor de 500.000 livres, trouvé dans le château. Ce trésor était composé de vaisselle d’argent destinée au service divin. Les Vendéens récupérèrent aussi des chevaux, des munitions et des assignats républicains.
La bataille de 
Thouars avait coûté près de 600 vies humaines du côté républicain et presque 5000 hommes étaient prisonniers.
Quétineau fut consigné dans la maison ou il logeait et que les chefs vendéens avaient décidé d’occuper. Le soir, il soupa avec eux, obligé de souffrir quelques brimades faites par certains des officiers blancs. Monsieur de Bonchamps l’invita à partager sa chambre, malgré l’avis des officiers présents qui craignaient pour la vie du général  royaliste ? Quétineau étant toujours armée.
Le lendemain,
 Bonchamps et Lescure lui demandent de rester avec eux sans combattre et prisonnier sur parole. Mais Quétineau refuse.

Pendant deux jours, Quétineau et sa garnison restent prisonniers .Puis les royalistes commencent à évacuer la ville. Ils proposent aux prisonniers de venir rejoindre leurs rangs. Beaucoup acceptent de faire cause commune avec les paysans, notamment de nombreux déserteurs du 84e régiment d’infanterie. Parmi ceux qui rejoignent les blancs, certains se feront  connaître par la suite, par leurs actes et leur dévouement à la cause royaliste :
Daniaud-Dupérat ; De la Ville de Baugé ; Herbault ; De Mondion ; l’abbé Guyot de Folleville ; etc.
Les autres doivent prêter serment de ne plus prendre les armes contre l’armée catholique et royale et contre le roi Louis XVII. Puis ils sont relâchés, à l’exception de 15 otages par département. Parmi les otages du département de Poitiers, se trouve le frère du député Thibaudeau. Quant aux républicains qui n’ont pas voulu passer à l’ennemi, beaucoup se distingueront dans les combats à venir,avec honneur et bravoure, mais certains laisseront leur nom taché de sang dans l’histoire de la Vendée. N’oubliant pas l’affront qui vient de leur être fait, ils reformeront le célèbres bataillon de volontaires des Deux-Sèvres qu’il rebaptiseront « Le vengeur » et qui malgré son courage et sa valeur au combat, laissera dans les mémoires de tristes souvenirs.
Quant à Quétineau, relâché avec un passeport, il sera peu de temps après arrêté par les représentants de la république, jugé pour trahison et guillotiné.

Texte J.Claude Moulon

 

Sources : (seules les principales sont citées)

Livres :
Histoire de la Vendée militaire de C.Jolly ; Vendéens et républicains de F.Augris ; La Vendée en armes de J.FChiappe ; La révolution française de A.Mathiez ; Histoire de la révolution française de J.Michelet ; Histoire de Thouars de H.Imbert ; Histoire de Thouars de B de Bournizeau ; La révolution française à Bressuire de C.Merle ; La Vendée patriote de CL.Chassin.

 Mémoires de :
Mme
 de La Rochejaquelein ; Mme de Bonchamps ; Daniaud Duperat ;

Revues /Magazines/
Mémoires des antiquaires de l’ouest ; Mémoires historiques et statistiques des Deux-Sèvres ; Historia ; L’Anjou ; Le  picton….

gravure relevée dans "l'histoire de France racontée à mes petits enfants" de M.Guizot. Paris Hachette et Cie. 1878.

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